Japon
06
Kashima
鹿島市

Le sanctuaire sur pilotis

Des renards et des cerisiers

A mi-chemin entre Nagasaki et Fukuoka, en pleine campagne japonaise, le vermillon Yūtoku Inari se fond au rose des cerisiers en fleurs des collines de Kashima. Parfait pour la première sortie du drone en rando !

 

Le far east

Pour se rendre à Kashima depuis Nagasaki, nous devons prendre un train de banlieue puis un bus de campagne. Sans surprise, tout est écrit en idéogrammes et sans signalétique. Trouver l’arrêt de bus et s’assurer de monter dans le bon véhicule demande de la ressource ! A la gare de correspondance, nous croisons un vieil homme qui a manifestement envie d’échanger avec nous et notre maigre japonais.

 

Passé outre les difficultés de langage, la conversation est assez riche. Nous apprendrons que la veille de cela, le nom de la nouvelle ère du Japon venait d’être rendu public suite à l’abdication officielle de l’Empereur. A l’ère Heisei succède donc l’ère Reiwa, un nom qui ravit notre interlocuteur. Il trace les kanjis sur sa main, 令和. Merci Ojii-san !

 

Arrivés à destination

Une ruelle commercante bordée de cerisiers en fleurs nous fait face. Le sanctuaire est tout au bout du chemin, annoncé par un majestueux torii, ou porte sâcrée shinto.

 

A l’entrée, la grande porte domine un petit jardin japonais où les carpes nagent à l’ombre des arbustes soigneusement entretenus. Une fois passé le torii, nous sommes dans le domaine des dieux.

 

A gauche, un temizuya, la fontaine de purification, à droite un groupe de lanternes soutenu du regard par les deux renards gardiens des lieux. Au loin, un pont entouré de cerisiers nous invite à passer une nouvelle porte vers le sanctuaire.

 

Le sanctuaire

Construit sur pilotis en bois, le Yūtoku Inari fait partie des trois sanctuaires incontournables d’Inari. En voyage au Japon, difficile de marcher plus d’une heure sans tomber sur un sanctuaire dédié à Inari, avec leurs portes shinto rouges ou oranges et leurs statues de gardiens renards.

 

Inari est l’une des divinités les plus populaires du shinto, associée au riz, au commerce, à la prospérité… et aux renards. Au pays du kawaii (mignon en japonais), difficile de résister aux amulettes et petits porte-bonheurs de renard vendus par les mikos.

 

Mais la surprise arrive en passant la porte principale. Les basses ailes du sanctuaire encerclent l’immense sanctuaire principal, le Gohonden, solidement enraciné au flanc de la montagne Iwakabe. Il s’élève à 18 mètres de haut.

 

Des escaliers vermillons dirigent le regard vers la montagne et font mieux apparaître le complexe qui monte très haut par dessus le Gohonden. Nous devons nous rendre à l’évidence, la montagne toute entière est sâcrée !

 

L’ascension

Fini de s’émerveiller, nous avons maintenant 300 mètres à gravir pour atteindre le sommet. Nous suivons les escaliers aux couleurs d’Inari qui serpentent de bâtiments en bâtiments.

 

A mesure que nous grimpons, les marches deviennent plus chaotiques et la terre remplace la pierre. Le chemin est jonché de petits sanctuaires Inari. Nous en croiserons tous les cinq mètres.

 

La montée n’aura pas effrayé un couple d’anciens qui l’aura défiée à nos cotés. Ils cavalent dans la montagne ! Le pélerinage en vaut la chandelle, car une fois au sommet, la vue sur la montagne nous faisant face est incroyable. Partout, des points de rose poudré. Une toile impressionnniste se peint devant nous.

 

La montagne aux cerisiers

Le panorama ne nous aura pas laissé de marbre. Ni une, ni deux, nous descendons la montagne sâcrée pour nous rendre sur la colline voisine. Nous prenons le temps d’admirer les plantes, de passer les ponts et barrières donnant pleine vue sur le sanctuaire.

 

Nichés en haut de la montagne, cachés parmi les sakuras, des champs de colza à perte de vue. Si la montagne Iwakabe est le domaine d’Inari, celle-ci était clairement toute à nous.

 

Alexis n’en peut plus d’attendre, c’est déjà l’heure du golden time. Lorsque le soleil se couche, les jeux de lumière sont plus subtils, la photo plus agréable. Nous cherchons un coin dégagé pour la première sortie du drone… et premier vol tout court.

 

Le souvenir

On remballe, le crépuscule est proche ! Après avoir profité du sanctuaire sous tous les angles, Alexis en est sûr : c’est celui qu’il aura préféré.

 

Au Japon, la renommée de ce sanctuaire est comparable à celui du Fushimi Inari et du Toyokawa Inari. La différence ? Impossible de visiter ces derniers sans jouer des coudes avec les milliers de visiteurs quotidiens.

Moins prisée du tourisme occidental concentré sur l’axe Tokyo - Kyoto, Kashima est une pépite à Kyushu où l’on profite d’un cadre magistral… sans la foule.