Japon
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Yoshino
吉野山

Un regard, mille arbres

Randonnée dans la montagne sâcrée

Ce matin, nous nous levons tôt. Deux heures de train de campagne nous attendent pour nous rendre à Yoshino, la montagne aux cerisiers. Il est dit que l’endroit accueille 30 000 sakuras, un spectacle qu’on ne peut voir qu’ici l’espace de quelques semaines chaque année.

 

L’arrivée dans la vallée

Nous avons prévu de marcher jusqu’au soir et la montée démarre dès la sortie de la gare ! Les premières échoppes et boutiques de souvenirs nous attendent déjà, ainsi qu’un grand nombre de familles et couples japonais. Avec le rougissement des feuilles d’érables en automne, la floraison des sakuras est un véritable évènement national au Japon. Nous faisons le plein d’eau et de kakisushis, clin d’oeil à la proximité de Yoshino et de Nara.

 

Autre clin d’oeil à Nara, la porte shinto par laquelle nous passons à l’entrée du village. Elle n’est faite ni de bois ni de pierre, mais bien de bronze à partir des chutes de la statue du Bouddha cosmique du Todai-ji.

 

Dans la vallée, quelques cerisiers nous entourent déjà. Tous ne semblent pas en fleurs. En altitude, il est peut-être encore un peu tôt pour en profiter à pleine floraison.

 

Le village

Perché dans la montagne, Yoshino est simplement constitué d’une longue ruelle jonché de petits magasins et auberges traditionnelles. De petits sentiers mènent aux maisons des locaux. Il y a foule mais l’ambiance est différente du tourisme de masse de Kyoto. Autour de nous, il y a peu d’étrangers, les gens flânent, achètent des spécialités, profitent de la vue.

 

Nous nous arrêtons aussi quelques minutes. Nathalie a remarqué des gyozas géants à l’odeur appétissante. Les meilleurs dégustés depuis notre arrivée !

 

Le soleil de la fin de matinée nous réchauffe alors que la fraîcheur en altitude se fait sentir, petit à petit, derrière le temple Kipusen-ji. Il s’agit de la deuxième plus grande construction de bois du Japon, le premier étant le fameux Todai-ji de Nara.

 

Un temple shugendo

Le shugendo est une branche japonaise millénaire du bouddhisme du véhicule du diamant, le bouddhisme népalais. Dans le reste du Japon, les temples suivent les traditions du grand véhicule et du boudhisme zen qui font partie des religions dominantes avec le shintoïsme. Le temple Kinpusen-ji est donc particulier en tant que l’un des seuls représentants de cette secte.

 

Le temple renferme de nombreuses reliques anciennes, dont une grande statue à la peau bleue de Zao Gongen, divinité principale du shugendo et gardien des montagnes sâcrées de Yoshino.

 

Le chemin de visite se sépare bientôt en deux queues. Dans le doute nous suivons la file la plus empruntée. Après 20 minutes d’attente, nous sommes dirigés vers des box de prière individuels, entourant l’autel. Retraite !

 

Avant de repartir, nous passons par l’annexe réservée aux goshuins. Certains Japonais aiment rapporter des calligraphies de prêtres des temples et sanctuaires qu’ils ont visités, et les conservent dans un recueil sacré de goshuins. Le calligraphe a la main qui tremble, et pourtant son geste sera parfait.

 

En route

Ca monte, ca monte beaucoup et à mesure que nous quittons le village, les nombreux visiteurs qui remplissaient le chemin se font plus rares.

 

Les sakuras nous entourent, tantôt fleuris, tantôt bourgeonnants. Ici, on retrouve plusieurs espèces de cerisiers avec plus ou moins de pétales, des troncs plus ou moins fins, des formes compactes ou clairsemées.

 

Ces 30 000 cerisiers ne sont pas le fruit du hasard ou de la végétation locale.

 

La légende veut qu’après avoir eu des visions de Zao Gongen, un guide spirituel majeur du shugendo ait sculpté sa représentation dans du bois de cerisier.

 

Depuis, les cerisiers sont sâcrés à Yoshino et sont plantés depuis plus d’un millénaire par les pèlerins.

Nous marchons de mont en mont. Ca et là, de petits sanctuaires se cachent entre les arbres.

 

Mais déjà, le soleil se couche. Nous avons juste le temps de capturer une vue aérienne avant de tourner les talons. Il fait nuit noire lorsque nous atteignons finalement la gare. Nous réussissons de peu à monter dans le dernier train de la journée.

 

C’est certain, nous reviendrons — mais pas cette année — pour la pleine floraison !