Japon
04
Nagasaki
ながさき

La ville tournée vers le large

Un coup de cœur inattendu

En remontant dans le temps, on découvre une Nagasaki bien plus attractive que la ville décrite dans les livres d’histoire du XXème siècle.

Pour peu qu’on aime flâner, tout semble accessible à pied. Notre hostel aussi, donnant sur la rivière Nikashima où se trouve le fameux pont à lunettes, ou pont Megane.

 

Des pavés et des pentes

L’air est plus doux qu’à Fukuoka. Les boulevards tranquilles et plats de Fukuoka laissent place aux ruelles pittoresques et pentes pavées dites hollandaises. Il y a peu d’Occidentaux autour de nous, Nagasaki semble bien plus populaire auprès des touristes asiatiques !

 

Influences chinoises

Dans la ville, l’influence chinoise imprègne le paysage et les cartes des restaurants.

Notre découverte commence par le Koshi-byo, au sud-est de la ville. Construit en 1893, il s’agit du seul temple confucéen construit par la Chine en dehors de son territoire. Encore contrôlé par l’ambassade de Chine, il a longtemps servi d’école à la communauté chinoise locale.

 

Ici et là, de multiples portes ornementées, un étang, un jardin, un couple de pistachiers de Chine. Notre visite s’effectue en quasi-intimité, nous empruntons la cour centrale encadrée par les 72 élèves de Confucius. Au centre, sur l’autel, trône la grande statue du philosophe né il y a plus de 2500 ans.

 

Nous faisons le tour des ailes du bâtiment avant de nous rendre dans le musée. Celui-là regorge de trésors de conception chinoise, d’objets d’arts à la manufacture si soignée qu’elle intrigue autant qu’elle fascine.

 

Nous nous essayons au défi du yuza-no-ki, illustrant les vertues de la modération et de la modestie. Est présentée une coupe suspendue par une chaîne, qu’il s’agit de remplir sans la faire ploire. Chacun de nous la remplit à sa façon, l’un sera plus audacieux que l’autre. Confucius a encore du pain sur la planche.

 

Non loin de là, le Chinatown de Nagasaki est clairement indiqué par de géantes portes et lampions colorés. Les langues chinoises et japonaises se mêlent.

 

Le Sofuku-ji est un temple bouddhiste construit au XVIème siècle par les résidents chinois de Nagasaki. Si les temples bouddhistes japonais présentent des bois bruts et sobres, ce temple détonne par sa multitude d’ornements, de couleurs et par ses toits aux angles recourbés.

Très bien conservé, il s’agit du seul représentant du style d’architecture Ming au Japon.

 

Influences occidentales

A Nagasaki plus que dans toute autre ville japonaise, se devinent des échanges anciens avec l’Occident — à commencer par les Portugais et les évangélistes catholiques. Pendant les deux siècles d’isolement dits ère Edo, elle est d’ailleurs le seul port d’ouverture sur le monde occidental.

 

A cette période, seuls les navires de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales avaient le droit d’accoster — mais pas le droit de cité : les marins étaient cantonnés à des quartiers strictement séparés. C’est le commodore américain Perry qui réouvrira ensuite le Japon par la force au XIXème siècle.

 

Nous visitons un des immanquables de Nagasaki, le Glover Garden. Ce parc rassemble plusieurs résidences de style occidental classées des années suivant la réouverture. C’est aussi depuis le Glover Garden que l’on peut profiter de l’une des meilleures vues de la ville. Nous sommes en fin d’après-midi, nous assistons au coucher de soleil sur la baie.

 

Des fleurs de toutes les couleurs et senteurs nous entourent. Le soin manifeste apporté au domaine nous donne l’impression que le temps ici s’est arrêté.

 

Plus à l’est sur la rivière Nakashima, les quais prennent des allures européennes. Nous nous arrêtons plusieurs fois près du pont Megane pour profiter de la douceur de la soirée, observant le reflet des luminaires dans ses optiques.

 

Mémoire

La bombe atomique. L’image de l’apocalypse, de la plus sombre des armes jamais utilisées par l’Homme sur l’Homme. Venir à Nagasaki, c’est aussi prendre le temps de s’instruire sur les faits, d’honorer la mémoire des centaines de milliers de personnes qui ont péri par le feu, le souffle ou la maladie.

Le Musée ne serait apparemment pas aussi grand que celui d’Hiroshima. Il n’en reste pas moins suffisant pour ressentir l’horreur et comprendre la raison d’être du pacte de non-prolifération nucléaire. La bombe H serait déjà plus de 2500 fois plus destructrice que les bombes lancées sur le Japon.

 

Nous continuons vers le temple Fukusai-ji, détruit par la bombe et reconstruit sous la forme de Kannon, divinité bouddhiste de la compassion, portée par une tortue. Sous ces statues faites de métal, un pendule de Foucault de 25 mètres oscillant au-dessus des restes de 16 500 Japonais tués au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi fait de métal, il est dit que le temple ne tombera plus jamais.

 

Vue depuis le mont Inasa

Entourée de montagnes, Nagasaki nous rappelle Monaco - sans le bling bling. On parle d’ailleurs d’un panorama depuis le mont Inasa à dix millions de dollars, aux côtés de Monaco et Hong Kong. Nous y montons en funiculaire. Nous jouons des coudes avec une foule de touristes pour trouver un bon point de vue sur la baie.

 

Effectivement, Nagasaki fait bien rêver du haut du mont Inasa.

Déjà le départ ?

Finalement, les quatre jours passés sur Nagasaki nous auront transportés. La ville a un goût de Castella, la spécialité locale sucrée importée par les Portugais, elle est douce et intense pour ne pas dire envoûtante.

Nous quitterons Nagasaki en lui faisant la promesse de revenir.